L’extrême droite est-elle aux portes du pouvoir ?
Une élection présidentielle a lieu au Brésil les 7 et 28 octobre 2018 dans le cadre des élections générales.
J'ai une connexion personnelle avec ce pays, et j'y ai beaucoup d'amis. Je me suis donc sentie très concernée par cette élection, car un événement très grave est en train de se dérouler au Brésil : la menace de l'arrivée au pouvoir d'un candidat d'extrême droite.
Il se nomme Jair Bolsonaro. Il est le candidat du Parti social-libéral (PSL). Il est arrivé en tête du premier tour avec 46,06 % des suffrages devant Fernando Haddad (PT), qui a récolté 29,26 % des voix.
Le deuxième tour va opposer ces deux candidats.
 A gauche Fernando Haddad - A droite Jair Bolsonaro |
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Fernando Haddad
Fernando Haddad, ancien maire de São Paolo, représente le Parti travailliste (PT).
Il a été désigné par le Parti des travailleurs en remplacement de l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, qui purge actuellement une peine de douze ans de prison pour corruption passive et blanchiment d'argent et condamné à une peine d’inéligibilité car la loi brésilienne "Ficha limpa" prive de droit politique toute personne condamnée en appel.
Fernando Haddad, ancien maire de São Paolo, représente le Parti travailliste (PT).
Il a été désigné par le Parti des travailleurs en remplacement de l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, qui purge actuellement une peine de douze ans de prison pour corruption passive et blanchiment d'argent et condamné à une peine d’inéligibilité car la loi brésilienne "Ficha limpa" prive de droit politique toute personne condamnée en appel.
Je lis le portugais. Je lis la presse française et la brésilienne. Je lis ce que postent mes amis brésiliens.
Jair Bolsonaro Le portrait de Jair Bolsonaro n'est pas reluisant
Cet ancien capitaine de l'armée, parachutiste, nostalgique de la dictature est connu pour ses sorties racistes, misogynes et homophobes. Il a quand même séduit une partie des milieux des affaires et profite du ras-le-bol de la population des partis traditionnels.
Jair Bolsonaro est contre l’avortement, la légalisation de la drogue, ou l’endoctrinement des enfants à l’école avec la théorie du genre, contre les homosexuels.
Une vidéo brésilienne sous-titrée "Et il y aura une femme qui va voter pour cette poubelle" (le mot "poubelle" n'est pas la traduction exacte qui serait trop vulgaire.
Jair Bolsonaro fomente la violence, y compris la culture du viol, et est favorable à la libéralisation du port d’arme.
Autre exemple, je traduis ses propos prononcés dans cette vidéo ci-dessous :
https://www.facebook.com/tiago.botelho.9216/videos/10211903422252470/?t=2
Je cite les propos de Bolsonaro :
"Est-ce que vous engageriez un chauffeur gay pour conduire vos enfants à l'école ?.. non !
Je n'aimerais pas avoir un voisin ni un couple homosexuel, qui vivrait près de mes jeunes enfants, non ! "
Cette vidéo a même été masquée par Facebook parce que, selon Facebook considère que le contenu de cette vidéo peut être violent ou explicite. Je comprends bien. Pour cette raison on ne peut pas l'intégrer, il faut donc la visionner en ligne sur Facebook. Mais je pense qu'il faut montrer qui est le réel Bolsonaro, c'est lui-même qui parle dans cette vidéo.
https://www.facebook.com/tiago.botelho.9216/videos/10211903422252470/?t=2
https://www.facebook.com/tiago.botelho.9216/videos/10211903422252470/?t=2
Je cite les propos de Bolsonaro :
"Est-ce que vous engageriez un chauffeur gay pour conduire vos enfants à l'école ?.. non !
Je n'aimerais pas avoir un voisin ni un couple homosexuel, qui vivrait près de mes jeunes enfants, non ! "
Cette vidéo a même été masquée par Facebook parce que, selon Facebook considère que le contenu de cette vidéo peut être violent ou explicite. Je comprends bien. Pour cette raison on ne peut pas l'intégrer, il faut donc la visionner en ligne sur Facebook. Mais je pense qu'il faut montrer qui est le réel Bolsonaro, c'est lui-même qui parle dans cette vidéo.
https://www.facebook.com/tiago.botelho.9216/videos/10211903422252470/?t=2
Ici, une image montre un revolver au-dessus de l'urne électronique. Il s’agit de l’école publique du professeur Mauricio Brum, située à São João do Meriti, à Rio de Janeiro.
Dans la vidéo, un homme vote en tapant les numéros de Bolsonaro avec le canon de l'arme.
Dans la vidéo, un homme vote en tapant les numéros de Bolsonaro avec le canon de l'arme.
La loi électorale 4737/65 interdit la capture de tout type de photo ou de séquence vidéo pendant le vote, y compris les photos d'urnes et les selfies dans la cabine.
Une autre vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux le montre enseignant à une petite fille de faire le geste de tirer avec une arme à feu.
NB : la vidéo a été supprimée sur Youtube, pourquoi ?
NB : la vidéo a été supprimée sur Youtube, pourquoi ?
Dans la vidéo ci-dessous, Bolsonaro déclare que tous les enfants devront apprendre à tirer avec une arme à feu et des munitions réelles, dès l'âge de 5 ans.
En outre, Jair Bolsonaro se prononce pour le retrait du Brésil de l'accord de Paris sur le climat et pour la suppression du ministère de l'Environnement.
Il entend également construire une autoroute traversant la forêt amazonienne, priver les communautés indigènes de leurs droits actuels afin d'ouvrir leurs territoires aux entreprises minières, assouplir les lois relatives à la protection de l'environnement et expulser des ONG écologistes.
Jair Bolsonaro a déclaré que tout ça c'était des fake news.
Il entend également construire une autoroute traversant la forêt amazonienne, priver les communautés indigènes de leurs droits actuels afin d'ouvrir leurs territoires aux entreprises minières, assouplir les lois relatives à la protection de l'environnement et expulser des ONG écologistes.
Jair Bolsonaro a déclaré que tout ça c'était des fake news.
Comment expliquer ce résultat ?
Ce scrutin est principalement marqué par l’ascension de Bolsonaro.
S'il n'est pas parvenu à se faire élire au premier tour de l'élection, le candidat d'extrême droite, est tout de même arrivé largement en tête au premier tour avec 46,06 % des voix.
S'il n'est pas parvenu à se faire élire au premier tour de l'élection, le candidat d'extrême droite, est tout de même arrivé largement en tête au premier tour avec 46,06 % des voix.
Selon l'institut Montaigne (je cite ce texte très intéressant):
"Jair Bolsonaro – en dépit de ses prises de position ouvertement misogynes, homophobes et favorables à des solutions de force – a pu capitaliser sur un très fort sentiment de "ras-le-bol" et de rejet du PT ".
Dans l’immédiat, il a bénéficié de trois éléments favorables :
- "Le premier est le rejet massif des scandales de corruption impliquant la presque totalité des partis politiques brésiliens – Lula et son Parti des Travailleurs (PT) compris. Une situation qui a été mise à jour par les condamnations et les mises en examen d’un grand nombre de politiciens (de gauche comme de droite) et d’hommes d’affaires complices. Cela a alimenté un fort "dégagisme" de la part de l’électorat et une méfiance généralisée vis-à-vis des principaux partis politiques traditionnels. Ces derniers – et une partie significative de leurs principaux leaders – ont été pratiquement balayés par les scrutins législatifs concomitants à l’élection présidentielle. Fait impressionnant : plus de la moitié des élus à la Chambre et 85 % des représentants au Sénat sont de nouveaux venus. Bolsonaro, un député insignifiant depuis plusieurs législatures, mais avec un clair discours de maintien de l’ordre et de lutte contre la corruption, a pu ainsi apparaître comme un "homme neuf".
- Le second tient à la tactique de terre brûlée de l’ancien Président Lula da Silva – qui purge actuellement une peine de 12 ans de prison pour corruption. Pour tenter d’échapper à son sort et pouvoir présenter sa propre candidature à la Présidence, Lula a tout fait à la fois pour empêcher toute alliance de sa formation politique, le PT, avec des personnalités ou partis politiques moins radicaux, et pour asphyxier les grandes formations plus centristes (du centre-gauche au centre-droit). L’objectif était de se retrouver seul, au deuxième tour, face à un politicien marginal professant des idées de droite extrême, et donc réputé plus facile à battre. Cette tactique s’est néanmoins retournée contre lui. La Justice ne s’est pas laissée intimider par la succession de provocations de l’ex-Président et de ses avocats, et a confirmé que Lula n’était légalement pas éligible. Reste qu’en polarisant le pays autour de sa personne, il a encore renforcé le profond rejet d’une grande partie de l’opinion vis-à-vis de son parti et du bilan des anciens gouvernements du PT perçus comme les principaux responsables de la pire crise économique, sociale, politique et morale de l’histoire du pays. Lula et ses partisans ont clairement sous-estimé l’hostilité – et parfois même la haine – d’une importante partie de l’opinion vis-à-vis des "années PT". Le choix politique et personnel fait par Lula a ainsi fortement contribué à faire de Bolsonaro la seule alternative électorale "anti-petiste".
- Le troisième est l’angoisse et l’exaspération de la population brésilienne – toutes catégories sociales confondues – devant la vague de violence criminelle urbaine. On compte 64 000 homicides dans la seule année 2017 tandis que 550 000 Brésiliens ont été assassinés depuis 10 ans. La presque totalité de ces crimes restent impunis et aucun des gouvernements précédents – depuis la re-démocratisation du pays en 1988 – n’a sérieusement tenté de faire cesser ce carnage, dont la plupart des victimes sont les plus pauvres ou la petite classe moyenne. Cette violence généralisée ne fait que s’aggraver avec la profonde crise économique. Des dizaines de millions d’électeurs, de plus en plus désespérés, ont ainsi pu être séduits par un politicien ancien militaire qui promet des solutions autoritaires radicales, dont l’exécution pure et simple des délinquants et des trafiquants. "
Dans l’immédiat, il a bénéficié de trois éléments favorables :
- "Le premier est le rejet massif des scandales de corruption impliquant la presque totalité des partis politiques brésiliens – Lula et son Parti des Travailleurs (PT) compris. Une situation qui a été mise à jour par les condamnations et les mises en examen d’un grand nombre de politiciens (de gauche comme de droite) et d’hommes d’affaires complices. Cela a alimenté un fort "dégagisme" de la part de l’électorat et une méfiance généralisée vis-à-vis des principaux partis politiques traditionnels. Ces derniers – et une partie significative de leurs principaux leaders – ont été pratiquement balayés par les scrutins législatifs concomitants à l’élection présidentielle. Fait impressionnant : plus de la moitié des élus à la Chambre et 85 % des représentants au Sénat sont de nouveaux venus. Bolsonaro, un député insignifiant depuis plusieurs législatures, mais avec un clair discours de maintien de l’ordre et de lutte contre la corruption, a pu ainsi apparaître comme un "homme neuf".
- Le second tient à la tactique de terre brûlée de l’ancien Président Lula da Silva – qui purge actuellement une peine de 12 ans de prison pour corruption. Pour tenter d’échapper à son sort et pouvoir présenter sa propre candidature à la Présidence, Lula a tout fait à la fois pour empêcher toute alliance de sa formation politique, le PT, avec des personnalités ou partis politiques moins radicaux, et pour asphyxier les grandes formations plus centristes (du centre-gauche au centre-droit). L’objectif était de se retrouver seul, au deuxième tour, face à un politicien marginal professant des idées de droite extrême, et donc réputé plus facile à battre. Cette tactique s’est néanmoins retournée contre lui. La Justice ne s’est pas laissée intimider par la succession de provocations de l’ex-Président et de ses avocats, et a confirmé que Lula n’était légalement pas éligible. Reste qu’en polarisant le pays autour de sa personne, il a encore renforcé le profond rejet d’une grande partie de l’opinion vis-à-vis de son parti et du bilan des anciens gouvernements du PT perçus comme les principaux responsables de la pire crise économique, sociale, politique et morale de l’histoire du pays. Lula et ses partisans ont clairement sous-estimé l’hostilité – et parfois même la haine – d’une importante partie de l’opinion vis-à-vis des "années PT". Le choix politique et personnel fait par Lula a ainsi fortement contribué à faire de Bolsonaro la seule alternative électorale "anti-petiste".
- Le troisième est l’angoisse et l’exaspération de la population brésilienne – toutes catégories sociales confondues – devant la vague de violence criminelle urbaine. On compte 64 000 homicides dans la seule année 2017 tandis que 550 000 Brésiliens ont été assassinés depuis 10 ans. La presque totalité de ces crimes restent impunis et aucun des gouvernements précédents – depuis la re-démocratisation du pays en 1988 – n’a sérieusement tenté de faire cesser ce carnage, dont la plupart des victimes sont les plus pauvres ou la petite classe moyenne. Cette violence généralisée ne fait que s’aggraver avec la profonde crise économique. Des dizaines de millions d’électeurs, de plus en plus désespérés, ont ainsi pu être séduits par un politicien ancien militaire qui promet des solutions autoritaires radicales, dont l’exécution pure et simple des délinquants et des trafiquants. "
Source :
https://www.institutmontaigne.org/blog/elections-au-bresil-lextreme-droite-aux-portes-du-pouvoir
Entretien avec Alfredo Valladao INTERVIEW - 12 OCTOBRE 2018
Le pire qui m'affecte énormément c'est que j'ai un ami proche qui, par haine de Lula et du PT, vote pour Bolsonaro, "le seul homme politique capable d’en finir avec la gauche au pouvoir depuis 16 ans".
"Vous les européens, vous n'êtes pas bien au courant de notre situation politique",
"Le vrai danger c'est la reprise du pouvoir par le PT" m'écrit-il.
Une émission C dans l'air intitulée "Qui est le Trump brésilien" a été consacrée le 10 oct. 2018 aux élections brésiliennes.
300 personnalités du monde artistique, intellectuel et scientifique du Brésil ont signé un manifeste contre l'élection de Jair Bolsonaro, leader des sondages sur les intentions de vote à la présidence.
Les compositeurs Caetano Veloso, Chico Buarque et Gilberto Gil se sont associés au docteur Drauzio Varela, au caricaturiste Laerte, au journaliste Washington Olivetto et à la consultante de mode Glória Kalil, pour se positionner contre ce qu'ils ont appelé une "menace franche contre le patrimoine et la civilisation". 24/09/2018
https://oglobo.globo.com/brasil/
Le pays pourrait-il retomber dans une dictature militaire ?
La tristesse m'accable.
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